3 novembre 2011

Mekare . L'ascension et le Sacre

Souvent, la crainte s’accompagne d’une certaine admiration, d’un respect sourd, d’une attirance ambivalente et cachée.. Mekare, aussi distante et sombre soit-elle, suscitait depuis des années le désir d’un jeune homme.

Du fond de la classe il l’observait. D’année en année il subissait ses persécutions sans jamais se plaindre, y trouvant une marque d’intérêt de sa part, lui qu’on ne remarquait jamais. Il aimait ses longs cheveux noirs, les imaginait comme de longs tentacules de pieuvre, qui un jour pourraient l’envelopper. Il aimait ses mains aux doigts effilés, ses ongles qui pourraient effleurer sa peau, son cou blanc et délicat.. il aimait la façon dont elle semblait ne faire partie d’aucun monde ; elle suivait son chemin, que personne ne connaissait et ne comprenait…Mais un jour, lui, la percerait à jour.


A l’age de 18 ans, elle était parvenue à ses fins.
Son père faiblissait, s’égarait. Elle surveillait attentivement sa lente descente dans les brumes. Quand il disparut enfin, elle devint l’héritière de sa fortune gâchée…La grande bâtisse lui appartenait désormais, et on ne la vit plus que rarement en sortir. A l’intérieur, un palais renaissait des cendres. Forgées par la déchéance, des colonnes d’objets et de toile d’araignée s’élevaient, la poussière recouvrait le sol comme un immense tapis, et les carreaux épais des vitres s’embuaient, sans révéler la moindre lueur, seul l’ouverture du grand escalier en marbre paraissait offrir une lumière presque surnaturelle.
Les lattes de bois, et les murs étaient marqués de fines rayures dans le couloir de l’étage : le digne chemin d’Ariane jusqu'à son trône dans la petite pièce cloisonnée.


Il avait cru dépérir alors. Il ne la voyait plus, et sa vie avait un goût amer. Jamais plus personne ne ferait donc attention à lui ? La cuisine, le salon, sa chambre…les bouteilles d’alcool avaient tout engloutit. Même sa mère oubliait de l’insulter a ses heures perdues, elle n’était plus qu’une coquille vide…et lui n’avait plus d’asile...Il avait espéré pourtant, partir étudier, loin, loin d’ici… La jeune fille aux cheveux noirs aimait les insectes. Il l’avait vue fascinée comme personne devant ses drôles de créatures. Si personne ne savait ce qu’elle envisageait de faire, lui était sur qu’elle partirait les étudier, et il était prêt a la suivre, la suivre partout et garder ce plaisir sauvage et solitaire de la contempler. Mais non. Elle était restée. Il passait chaque soir devant les portes de la grande bâtisse, espérant apercevoir ne serait-ce que son reflet… Jamais il ne la vit. Alors il prit l’habitude de lui laisser des insectes, les plus beaux, les plus étranges qu’il puisse trouver, et il les présentait dans une petite boite percée de trous devant sa porte. Mais les boites s’entassaient sur le palier. Il veilla, fit des rondes, surveilla la maison….En vain. Une année entière passa sans qu’il ne se découragea pourtant. Mekare serait à lui, il l’avait décidé déjà il y a longtemps. Seul lui la percerait à jour et plus rien ne compterait alors….






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